vendredi 13 avril 2007

Distilbène - Génocide par Mère Interposée

Il y a quelque temps, six mois à peine, je lisais un entrefilet dans une magazine parents/enfants, avertissant des possibles corrélations entre l'administration d'une hormone de synthèse, le di-ethylstilboestrol (DES), et l'apparition de troubles psychiques chez les enfants nés de femmes ayant reçue la molécule.


Ces troubles du comportement, tels qu'anorexie, boulimie, anxiété, dépression, schizophrénie... s'ajoutent à une liste, déjà bien trop longue, de désordres, de malformations, d'anomalies et de dysfonctions physiques induites par le DES.

Les moteurs de recherche d’Internet se sont mis à tourner à fond sur mon PowerBook. J’ai quinze pages ouvertes à la fois. Je recoupe mes références, je vérifie mes sources. Je ne peux croire tout ce que j’y découvre. Une colère, une angoisse, un dégoût, une tristesse profonde s’emparent de moi face à l’ampleur des dégâts.

Je n’ai pas pleuré, dans l’immédiat, les milliers de femmes que j’ai «rencontrées» au fil de ces pages, d'études universitaires, forums, chats, fils de discussions privées, rapports de procès, d’étude, d’autopsie…


Des nées sans vagin, sans utérus, ou encore avec tout en double, mais rien qui fonctionne, des qui attrapent un cancer, du vagin, du col, du sein, des qui n’auront jamais un enfant et d’autres qui n’auront jamais que des fausses couches…

Désolée pour mon égoïsme, mes Sœurs DES. Mes premières et plus profondes larmes furent pour moi, avec mon anorexie, ma maigreur chronique, mon tératome de naissance, mon col «de petite taille» mes années de stérilité, mes fausses couches à répétition…et pour ma fratrie, meurtrie dans sa chair et dans son esprit, onze enfants abîmés.

Mon frère alcoolique, anxieux, déprimé, qui se suicida pour échapper à tant de mal-être,
Ma sœur avec ses GEU, sa vessie et rein inverses et ses trois garçons autistes...
Cette sœur-ci avec son anorexie, son endométriose qui lui a valu une hystérectomie à 45 ans et son deuxième fils qui est né avec un hypospadias…
Son jumeau, mon frère bipolaire…
Ou encore le benjamin, qui a atteint sa vitesse de croisière à l’alcool et au prozac…



Je ne rentrerais pas dans les détails, c’est de leur vie privée et de leur mal-être qu’il s’agit, suffit-il de dire que mes frères et sœurs présentent un nombre, tellement affolant, de symptômes, désordres, anomalies et malformations, aussi bien au plan psychique qu’au plan physique, suggérant une imprégnation par le di-éthylstilboestrol, qu’il fallait savoir si oui, ou non, maman en avait eu.

Pour en avoir le coeur net, j’ai eu, fin septembre 2006, une discussion téléphonique extrêmement éprouvante, aussi bien pour moi que, j'en suis sure, pour ma mère. Maman reçut, à la fin de chacune de ses 10 grossesses, sa dose de génocide assuré - du Stilbestrol (un des noms commerciaux de la molécule). Elle le recevait pour sécher son lait.

Elle ne pouvait allaiter, d'après les médecins, à cause du forme de ses tétons. Le lait maternisé faisait "rage" et l’on secouait l’épouvantail de la perte de «son joli décolleté» afin de rentabiliser à la fois le marché du lait en poudre et  celui du Distilbène (autre sobriquet).

Dodds & Lawson, dans leur tentative, orgueilleuse comme il se doit, d'égaler La Mère Nature, produisirent une molécule dépassant tout mesure. Beaucoup plus fort que l’original, avec une demi-vie trop élevée, rendant son élimination totale par le corps quasi impossible, le DES fut élaboré à partir de coaltar (goudron de charbon) et, malgré l’évidence des effets néfastes de sa molécule, (certains hommes dans son labo ont eu des seins qui poussaient), Dodds publia sa formule en 1938, dans Nature, afin de coiffer les Nazis au poteau.



Molécule de di-éthylstilboestrol




Effectivement, les laboratoires Schering avaient, eux aussi, un œstrogène synthétique prêt à sévir – l’estradiol.  Soi disant que Dodds aurait soupçonné les Nazis de voulour l'utiliser à des fins de stérilisation forcée, d'où la publication précipitée de sa formule (de magie noire!). Et avec ton DES, Dodds, on a pas été stérilisée de force peut-être?

Dodds l’avait inventé afin de pallier à certains symptômes liés à la ménopause, notamment les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes. Son «cadeau» patriotique à l’humanité, que Dodds savait carcinogène dès 1938, étant libre de brevet, fut copié par des centaines de laboratoires de par le monde pour être ensuite utilisé sur des centaines de millions de femmes dans des dizaines de pays du globe, et ce pour des applications dont son efficacité, sa pertinence et sa dangerosité n’avaient fait l’objet d’aucun test clinique.

A la suite d'une campagne d'intimidation, de pots de vin et de lobbying, orchestrée et soutenue, auprès des representants du FDA (équivalent américain de l'Affsaps), par des labos pharmaceutiques, l'Université d'Harvard met le DES sur le marché en 1948




SANS AUCUN TEST CLINIQUE SERIEUX JUSTIFIANT UNE TELLE AUTORISATION






Dès le début des années 50, les chercheurs commençait à tirer la sonnette d’alarme. Les animaux de laboratoire, injectés avec le DES, développaient des cancers utérins et ovariens. Les mêmes cancers qui commençaient à apparaître chez des jeunes filles dont la mère avait reçu du DES.


Uterus en T

Ces CCAC, (Clear Cell Adenocarcinoma – Adénocarcinome à Cellules Claires) apparaissaient, en général, vers 22 ans, donc dans la période immédiatement poste pubère, même âge qui voit apparaître, chez ces mêmes enfants imprégnés, certains symptômes psychiques, comme des troubles du comportement alimentaire, les premiers échecs de maternité…

Le nombre de cas de cancers chez les «Filles DES» atteignit une telle proportion que les Américains l’ont interdit, pour les femmes enceintes, dès 1971. En Europe, malgré l’évidence clinique et les avertissements sur les dangers, le di-éthylstilboestrol continua à être administré aux femmes enceintes jusqu’en 1978.

Depuis le début, le Stilbos (encore un nom d’emprunt), ayant montré peu d’efficacité pour traiter les indications pour lesquelles on prétend l’avoir inventé - en l’occurrence la ménopause – depuis le début donc, les DES fut prescrit aux femmes enceintes pour prévenir des fausses couches, les nausées matinales et le diabète gestationnelle, pour ces indications aussi, il s’est démontré totalement inefficace.

Afin de rentabiliser tant d’investissement, de fonds et de temps, dans les tests cliniques (j’ironise évidemment), le DES a servi aussi pour tout et son contraire

- arrêter la montée de lait chez les non allaitantes (comme ma maman)
- pilule du lendemain (drôle de destin pour un anti-abortif)
- ralentir la croissance chez les filles «trop grandes»
- traiter des ulcères du duodénum
- traiter des cancers de la prostate
- engraisser les animaux de boucherie
- agréménter des pots d'aliment pour bébé...
 
Cette liste est, malheureusement, loin d’être exhaustive et des «débouchés» nouveaux arrivent sur l’horizon – des projets proposant l’utilisation de la molécule pour émasculer les délinquants sexuels, sont à l’étude.

Parmi les autres troubles, anomalies, malformations, provoqués par une imprégnation, in utero, par le diéthylstilboestrol on trouve:

CCAC (Adénocarcinome à cellules claires)
Cancer du sein
Utérus en T
Utérus en V
Absence d’utérus
Absence de vagin
Utérus de petite taille
Clitoris de petite taille
Absence de clitoris
Anomalies du col utérin (taille, forme)
Mauvais positionnement des organes urogénitaux
Absence des trompes de Fallope
Interruption des trompes de Fallope
Absence d’ovaires
Troubles de la vascularisation utérine
Kystes ovariennes
Endométriose
Spanioménorrhée
Fibromes
Salpingites
Altération des muqueuses vaginales
Puberté précoce
Puberté tardive
Anomalies hormonales
Troubles osseux
Retardement de croissance
Règles abondantes
Règles douloureuses
Absence (inexpliqué) de règles…

La liste est déjà très longue, terrifiante même et ici, toutes les implications physiques et psychiques ne sont pas inscrites… Les troubles psychiques induits par la molécule sont similaires à ceux donnés plus bas pour les Fils DES mais auxquels il faut ajouter des troubles psychiques provoqués par la frustration et le mal-etre liés à l'infertilité.

Les Filles DES souffrent d’une combinaison, un cocktail savant, de ces désordres qui impliquent, quasi inévitablement, ou la stérilité totale et absolue, ou l’hypofertilité, fausses couches à répétition, grossesses extra-utérines…

La majorité des Filles DES doit utiliser les services des PMA (Procréation Médicalement Assistée) afin d’accéder à la maternité et ces pauvres filles, déjà imprégnées d’estrogènes depuis leur stade embryonnaire, se feront injecter et administrer d’autres hormones de synthèse dont l’innocuité totale est encore à prouver. Une grossesse pour une fille DES nécessite, dans beaucoup des cas, l’alitement et le cerclage dès les premières semaines de grossesse.

Moins d’études ont été effectuées sur les effets de l’imprégnation, in utero, chez les garçons, connus aujourd’hui comme «Fils DES», mais des recherches ont déjà mis en évidence les anomalies et désordres suivantes:

Polypes de l’épididyme
Cryptorchidie
Hypoplasie Testiculaire
Hypospadias
Anomalies du Canal Müllérian
Anomalies du sperme
Anomalies de l’appareil urogénital
Psychoses
Toxicomanie/Alcoolisme
Anxiété
Dépression
Suicide…

Des tests effectués par des endocrinologues et neurobiologistes ont démontré que le DES n’est pas éliminé par le métabolisme comme son «homologue» naturel mais est stocké dans les tissus adipeux, ou il s’accumule créant, pour nos «Mères DES», celles qui furent empoisonnées alors enceintes il y à trente, quarante, cinquante ans, des troubles physiques incluant

Cancer du sein
Cancer du vagin
Cancer du col
Pathologies thyroïdiennes
Pathologies Pituitaires
Ostéoporose…

Des études récentes confirment la transmission de troubles physiques et psychiques dans ce qui s’appelle la «3° Génération». C’est-à-dire, les petits-enfants de celle qui a reçu le DES. Parmi les différents troubles notés chez cette 3° Génération:

Hypospadias
Autisme
Cryptorchidie
Hypoplasie testiculaire
CCAC (Testiculaire)
Troubles du comportement

Les premières Filles DES arrivent, aujourd'hui, à l’age de la ménopause. Sous les sollicitations hormonales qu’un tel changement provoque, l’apparition de cancers, notamment du sein, dans une proportion bien plus élevée chez les filles imprégnées in utero, nous remet l’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Nos propres filles ont commencé à manifester des troubles menstruels, nos garçons des hypospadias, de l’autisme…

Les laboratoires ont beaucoup de réticence à reconnaître leur responsabilité dans ce qui est devenu l’un des plus gros scandales médicaux, de l’éternité. Dans certains pays il serait pratiquement impossible de demander ni exaction ni réparation.

En Angleterre, par exemple, le system de santé impliquait un «éclatement» de la fabrication et de la distribution de la molécule di-éthylstilboestrol. Il fut fabriqué pratiquement officine par officine. Le nombre de fabricants possibles rend sa traçabilité quasi inexistante. Sans avoir le nom du laboratoire qui fabriquait les pilules que nos mères ont eues, aucun procès ne peut être intenté.

Cela ne m’empêchera pas d’aller jusqu’au bout de la vérité.



Etude de Jeune Femme (terre) - Marie-Odile Gobillard-Soyer



Afin de mieux faire connaître les ravages psychiques créés par le Distilbène, j’ai accepté de faire partie de deux études, sous l’égide de l’association Hhorages. Cette association fut créée par des Mères Distilbène dont les enfants souffrent de troubles psychiques. Les sculptures, qui illustrent certaines de mes poésies sur ce blog, sont l’œuvre de Dr. Marie-Odile Gobillard-Soyer, la Vice Présidente, qui a, elle-même, perdu ses deux enfants, suicidés comme mon grand frère.


Bises

Tantine